Les normes des lunettes de protection à usage professionnel

Il existe une multitude de normes de lunettes de protection pour répondre à tous les risques et situations de travail. La norme de base à toutes lunettes est la norme EN 166. Ensuite, les autres normes sont spécifiques à certaines applications et donc aux protections additionnelles qu’elles apportent comme les lunettes soudeur par exemple.

La norme EN 166 : une base commune à toutes les lunettes de travail

EN 166 - Protection individuelle de l’oeil - Spécifications

La norme EN 166 définit de nombreux points spécifiques pour les lunettes de sécurité à savoir : le domaine d’utilisation, la résistance mécanique et la classe optique. Cette norme permet également de s’assurer que chaque lunette offre une résistance minimale contre les risques courants : vieillissement à la lumière, exposition à la chaleur, chute sur un sol dur, corrosion..

Le domaine d’utilisation :

La norme spécifie plusieurs domaines d’utilisation également appelés symboles de protection selon l’usage :

  • 3 - Protection contre les liquides : gouttelettes et projections de liquides tels que les produits chimiques et acides
  • 4 - Protection contre les grosses particules de poussières, supérieures à 5 microns telles que les poussières de charbon et les poussières de chantier
  • 5 - Protection contre les gaz, les vapeurs, les brouillards, les fumées et les fines particules de poussières inférieures à 5 microns.
  • 8 - Protection contre l’arc électrique et court-circuit : pour le travail à proximité de source de danger électrique
  • 9 - Protection contre le métal fondu et solides chauds tel que le soudage et le meulage

Si aucun domaine d'utilisation n'est mentionné, cela signifie que le modèle de lunette est conçu pour un usage général et non pas pour une application spécifique.

La résistance mécanique :

La norme définit également une résistance mécanique des lunettes, reconnaissables grâce à des symboles :

  • S - Solidité renforcée : résiste à une bille de 22 mm de 43 grammes, tombant d’une hauteur de 1.30 mètre à une vitesse de 5.1 m/s
  • F - Impact à faible énergie : résiste à une bille de 6 mm de 0.86 grammes, tombant à 45 m/s. Convient pour l’utilisation d’outils à main (niveau de protection maximal pour les lunettes)
  • B - Impact à moyenne énergie : résiste à une bille de 6 mm de 0.86 grammes, tombant à 120 m/s. Convient pour l’utilisation d’outils électriques ou motorisés (niveau de protection maximal pour les masques)
  • A - Impact à haute énergie : résiste à une bille de 6 mm de 0.86 grammes, tombant à 190 m/s (niveau de protection maximal pour les écrans faciaux)
  • T - Symbole utilisé avec F, B ou A : particules lancées à des températures extrêmes de +55°C à -5°C

Exemple de symbole FT : signifie que les lunettes offrent une protection contre les particules de faible vitesse à des températures extrêmes.
Si les lunettes n’ont pas de symbole de résistance mécanique, cela signifie “solidité minimale”.

Parmi ces symboles de résistance mécanique, il existe des tests optionnels pouvant être utiles dans certaines situations :

  • N - Résistance à la buée : anti-buée
  • K - Résistance à la rayure : résiste aux dommages causés en surface par de fines particules, résiste donc à l’abrasion (anti-rayure)
  • H - Lunettes conçues pour les petites têtes : tour de tête de 54 mm de diamètre

Bon à savoir...
Un autre type de protection oculaire réglementé par une autre norme doit également se voir attribuer un symbole de résistance mécanique. Il s’agit des protections de type grillagé également appelés écran facial grillagé. Ils doivent être certifiés EN 1731 - Protecteur de l’oeil et du visage de type grillagé. Ils peuvent avoir une résistance mécanique S ; F ; B ou A.

La classe optique :

La norme définit également des niveaux de classe optique, permettant d’indiquer la durée de port des protections :

  • Classe 1 - Travaux continus : port permanent
  • Classe 2 - Travaux intermittents : port intermittent
  • Classe 3 - Travaux occasionnels et de courte durée

Les filtres de protection des oculaires : de nombreuses normes

Les filtres utilisés dans la conception des verres des lunettes de travail sont nombreux puisqu’ils permettent d’éviter certains risques spécifiques. Chaque filtre de protection est réglementé par une norme.

Les différents types de filtre :

Il existe plusieurs types de filtres, codifiés par un numéro de code pour une reconnaissance facile, dont les exigences sont définies par des normes spécifiques :

  • 2 - Filtre UV
  • 2C - Filtre UV sans altération des couleurs
  • 4 - Filtre infrarouge
  • 5 - Filtre solaire à usage industriel
  • 6 - Filtre solaire spécifique infrarouge
  • 8 à 14 - Filtres de soudage passifs (également appelés verres minéraux)

Les numéros d’échelon des filtres :

Ensuite, en fonction du type de filtre, chaque oculaire (verre) possède un numéro de teinte qui peut varier. C’est ce que l’on appelle le numéro d’échelon :

  • Rayon UV : n° d’échelon de 1.2 à 5
  • Rayon IR (infrarouge) : n° d’échelon de 1.2 à 7
  • Rayon solaire : n° d’échelon de 1.1 à 4.1
  • Soudure : n° d’échelon de 2 à 15

Les normes en fonction des filtres :

Les filtres UV sont réglementés par la norme EN 170 - Protection individuelle de l'oeil - Filtres pour l'ultraviolet.
Quant aux filtres infrarouge, ceux-ci sont définis par la norme EN 171 - Protection individuelle de l'oeil - Filtres pour l'infrarouge.
Les filtres solaire à usage industriel sont régis par la norme EN 172 - Protection individuelle de l'oeil - Filtres de protection solaire pour usage industriel.
Enfin, les filtres pour le soudage peuvent être soumis à différentes normes en fonction du types de filtres. Les filtres passifs doivent répondre à la norme EN 169 - Protection individuelle de l'oeil - Filtres pour le soudage et les techniques connexes. Les filtres actifs doivent être conformes à la norme EN 379 - Protection individuelle de l’oeil - Filtres de soudage automatique.

Retrouvez nos conseils pour choisir des lunettes de travail adaptée grâce à notre guide d'achat ici.

Focus sur les lunettes de protection soudeur

Il existe donc plusieurs normes pour les protections des yeux des soudeurs, notamment en raison de la multiplicité des techniques de soudure.
On retrouve ainsi 2 grandes familles de lunettes de protection soudeur :

  • Lunettes soudeur à filtre passif : l’EPI devra être conforme à l’EN 166, EN 169 et EN 175
  • Lunettes soudeur à filtre actif (automatique) : l’EPI devra être conforme à l’EN 166, EN 175 et EN 379

La norme EN 166 est commune à toutes les lunettes de protection.
La norme EN 175 porte spécifiquement sur l’équipement de protection (solidité, isolation électrique, stabilité thermique et physiologique).
La norme EN 169 porte sur les filtres passifs des oculaires et définit les numéros d'échelon.
La norme EN 379 concerne les filtres actifs des oculaires et définit les numéros d'échelon. Chaque filtre de soudage automatique doit être évalué selon 4 critères notés du niveau 1 à 3 (classe optique (rectitude de l'image = déformation de l'image ou non), diffusion de la lumière, variations de transmittance lumineuse (filtre homogène ou non) et filtration de la lumière indirecte (dépendance angulaire)).

Quelles différences entre filtration passive et filtration active ?

Le filtre passif doit être changé en fonction de l’intensité de soudage et de la technique utilisée tandis que les filtres actifs sont ce qui s’appelle une cellule opto-électroniques à cristaux liquides et teinte variable. Cela signifie que c’est l’EPI qui change le filtre en fonction de la méthode et de l’intensité de soudage. Il n’est plus nécessaire de changer manuellement le filtre.

Comment choisir son filtre soudage ?

Comment choisir son filtre passif EN 169 ?

Le choix du filtre passif dépend de la méthode et de l’intensité de soudage à savoir du débit du gaz pour le soudage à la flamme et du courant pour le soudage à l’arc.
Les échelons 4 à 8 sont adaptés au soudage à la flamme, à la découpe plasma et au meulage tandis que les échelons 9 à 15 sont adaptés au soudage à l’arc.
Plus l’échelon est élevé, plus le verre est opaque et plus il filtre la lumière.

Comment choisir son filtre actif EN 379 ?

Un filtre actif, comme pour les filtres passifs, possède des numéros d’échelon. Ici, un filtre actif a plusieurs numéros d’échelon (degré de filtration) appelé plage de protection. Une plage de protection est comprise entre 5 et 13. Les échelons de 5 à 13 sont adaptés au meulage, à la découpe plasma, au soudage à la flamme et à l’arc tandis que les échelons de 9 à 13 sont conçus pour le soudage à l’arc uniquement.

Chaque cellule possède une teinte (numéro d'échelon) de protection minimum, qui est de 4 généralement. Enfin, les filtres actifs apportent une protection continue contre les rayons UV et IR, généralement à 15.

Pour le soudage à l’arc, il est interdit de porter des lentilles de contact.